Dès 10 ans
La forme est sobre ; le contenu diablement intéressant. La Plateforme à Grenoble accueille l’exposition « Histoire naturelle de l’architecture –.
.. Comment le climat, les épidémies et l’énergie ont façonné la ville et les bâtiments » jusqu’au 13 janvier 2024.
L’exposition montre ainsi clairement les liens étroits entre les raisons physiques, climatiques ou sanitaires qui ont guidés l’aménagement urbain ou la forme des bâtiments. Ainsi l’architecture naît en tout premier lieu de la nécessité de créer un climat pour garder une température constante, indépendamment des conditions extérieures, élevant des toits et des murs pour se mettre à l’abri du froid ou de la chaleur du soleil.
13 thèmes illustrés par des photos grand format
L’exposition se décline en grands thèmes, 13 au total. Chaque thématique présente une petite dizaine de photos en grand format qui illustre le propos. Vous apprendrez ainsi « Pourquoi la nécessité de garder la température de notre corps à 37 °C entraîne-t-elle l’apparition de l’architecture ? (partie I) », «Pourquoi les petits pois sont-ils à l’origine des cathédrales ? (partie IV) », « Comment un brin de menthe a-t-il ramené la nature en ville ? » (partie VII) ou « Pourquoi les antibiotiques ont-ils permis de revenir habiter en ville ? » (partie XII).
Si vous voulez une petite réponse avant d’aller vous-même voir l’expo, sachez que la haute teneur en protéines des petits pois a fourni la force musculaire permettant d’élever les cathédrales qui sont parvenues jusqu’à nous. Ces édifices témoignent donc du lien direct et fondamental entre la forme construite et les outils et l’énergie nécessaires.
Les liens entre les découvertes scientifiques et l’architecture
Une majestueuse tapisserie du musée de Cluny dite « La dame à la licorne » introduit la thématique de la décoration. Longtemps, la décoration d’intérieur a joué un rôle climatique crucial en apportant des revêtements isolants aux surfaces internes des constructions. Autre enseignement : c’est la découverte des vertus curatives de l’iode au XIXe siècle qui transforme des territoires relativement peu peuplés jusqu’alors que sont les bords de mer. Pour permettre aux malades d’atteindre ces sites naturellement iodés, un réseau ferré se développe. Les stations balnéaires sortent de terre comme en témoigne cette photo de Pierre Riby de l’immeuble d’habitation « Le Grand pavois » à La Grande-Motte, conçu par Jean Balladur et Jean-Bernard Tostivint (architectes). La naissance de cette station, comme six autres en Languedoc-Roussillon, est le résultat de la volonté du président de la République Charles de Gaulle. En effet, afin d’endiguer le flot de vacanciers français vers l’Espagne, le président charge dès 1963 Pierre Racine, directeur du cabinet du Premier ministre, d’un plan d’aménagement touristique du littoral méditerranéen.
D’autres découvertes expliquent le développement des villes. La climatisation autorise le développement des villes du Sud des Etats-Unis, tandis que les data centers ou grandes « fermes » de serveurs informatiques, pour des raisons d’économie d’énergie, migrent de Californie (où la chaleur naturelle implique une consommation considérable d’air conditionné pour les refroidir) vers l’Alaska ou le nord de l’Europe afin de bénéficier d’un air froid constant. En 2013 par exemple, Facebook a fait construire un hangar de 27 000 m2 à Lulea, en Suède, pour y installer ses serveurs informatiques.
Une visite profitable aux plus jeunes à condition de bien les accompagner
Cette riche et documentée exposition renouvelle ainsi notre regard sur les villes et les bâtiments qui nous entourent, sur leurs évolutions et nous renseigne sur l’impact de notre environnement de nos découvertes scientifiques sur notre habitat. Il y a beaucoup à lire : prenez le temps d’accompagner les plus jeunes pour pouvoir les intéresser.
Cette exposition est prêtée par le Pavillon de l’Arsenal, Centre d'information, de Documentation et d'Exposition d'Urbanisme et d'Architecture de Paris et de la Métropole parisienne.
Entrée gratuite. Ouverture du mercredi au samedi de 13h à 19h.
Entrée gratuite. Fermé les jours fériés.